Ce week-end, j'ai fait un court séjour
dans la ville de mon adolescence, Bordeaux.
J'ai eu l'occasion d'y retrouver des
amies de longue date, complices du lycée. Un bon repas, des
souvenirs évoqués, des vies racontées. Un vrai moment de bonheur,
une bouchée de tendresse et de partage.
Mais.... mais surtout, je repars de ce
week-end avec un sentiment profond que je n'appartiens plus à cette
ville. Ou qu'elle ne m'appartient plus.
Cette ville, je l'ai parcourue des
heures durant, j'y ai vécu le jour et la nuit, j'y ai aimé, j'y ai
ri, j'y ai pleuré. Beaucoup pleuré.
Au final, ces années adolescentes ne
sont pas particulièrement de belles années. J'étais perdues, dans
une phase difficile de ma vie. Pas que par rapport à cette crise que
nous traversons tous, avec plus ou moins de force.
Ces années-là ont vu ma famille
exploser, un amour totalement destructeur m'envahir et me submerger.
Je me suis éloignée de mes proches, j'ai été en grand froid avec
ma mère, puis avec mon père. J'ai cherché violemment ma place,
sans la trouver.
Il a fallut des années, des
déménagements, et l'amour, un vrai amour, fait de tendresse,
d'écoute, de compréhension et de partage pour commencer à aller
mieux.
Il a fallut faire le ménage dans ma
tête, dans mon cœur, dans mon âme. Il a fallut comprendre et
accepter des actes durs, des paroles blessantes et des pensées
tristes.
J'ai toujours cru que Bordeaux était
ma ville, ma maison, mes racines. Cela, je crois, me réconfortait,
me permettait d'avoir un repère dans la tourmente de la vie.
Mais aujourd'hui, la page se tourne.
Aujourd'hui, je sais qu'en fait cela
fait longtemps que cette ville n'est plus ma maison.
Ma maison a été à Toulouse, puis à
Issy les Moulineaux, et dans quelques semaines, elle sera à Sévrier.
Ma maison est là où sont mes enfants
et mon mari.
Ma maison est là où je me sens
acceptée, comprise, aimée et entourée. Et ça fait bien longtemps
que ce n'est pas à Bordeaux.
Peut-être que c'est une évidence pour
beaucoup, pour moi c'est devenu une évidence ce week-end.
Alors, bien sûr, je continuerai à
aimer les tricandilles et les cruchades, à dire poches au lieu de
sac plastique et chocolatine au lieu de pain au chocolat.
Dans mes veines coulera toujours du
Pessac-Léognan et du Médoc. Et je ne renoncerai pas à mes 2
douzaines d'huître en une repas. Parce que si Bordeaux n'est plus ma
maison, elle reste mes racines.
Au revoir Burdigala, une page se
tourne. Vivement le prochain chapitre.
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